Je n’ai jamais vraiment senti le besoin de célébrer mon anniversaire.
Petit, lorsqu’un camarade de classe fêtait son anniversaire à l’école, il était commun de souffler des bougies, rien de très original. Sauf que, petit, mes parents m’avaient diagnostiqué comme allergique à la fumée - à toutes les fumées. Celle de cigarette, évidemment, mais aussi celle des bougies d’anniversaire. Si bien que, quand les autres enfants soufflaient leurs bougies, j’étais obligé de sortir de la classe. Ce souvenir étrange - peut-être pas totalement vrai et sûrement un peu déformé par l’enfant que j’étais - me poursuit encore.
Surtout que je ne suis pas allergique à la fumée !
Je suis né le 15 juillet 1992. En plein été. En plein été caniculaire. Cette année, apparemment, il a fait très chaud. Je suis donc cancer - même si je ne crois pas trop en les signes astrologiques et en les traits de personnalité qu’on leur attribue. Je suis né le jour de la Saint Donald en France (le jour de San Buenaventura au Mexique, que je trouve beaucoup plus approprié). Heureusement, depuis longtemps déjà, en France, on n’appelle plus systématiquement le nouveau-né du nom du Saint célébré le jour de sa naissance.
Imaginez seulement : je me serai appelé Donald. Canard ou politicien peroxydé, l’imaginaire collectif autour du nom ne me fait pas rêver.
En France, être né en plein été est souvent synonyme de traumatisme. Léger, mais traumatisme quand même. Pourquoi, me diriez-vous ? Parce que les enfants nés pendant les vacances d’été ne fêtent pas leur anniversaire à l’école. Pire, la plupart n’ont pas l’occasion d’organiser une fête d’anniversaire avec les copains de l’école, parce que pendant les vacances d’été, par définition, tout le monde est en vacances.
Quand tous mes copains d’école organisaient des fêtes plus géniales les unes de que les autres : chez eux, au McDonalds, dans des parcs d’attractions, dans d’immenses jardins… où on retrouvait tous les copains d’écoles, les frères et sœurs, les cousines et cousines. Nous autres, les enfants nés en plein été, on se contentait d’anniversaire en famille, parfois au camping ou en club de vacances. C’était bien aussi, mais pas aussi bien qu’avec les copains d’école.
J’ai d’ailleurs assez peu de souvenirs de mes anniversaires étant enfant. Si ce n’est une série de photos où on me voit, souriant devant un bol de fraises recouvertes de crème chantilly, et en arrière-plan une main qui se rapproche, qui se rapproche et qui appuie progressivement mon visage dans cette montagne de chantilly (la version française et estivale de ‘la mordida’ apparemment).
Je ne me plains pas pour autant. J’ai été entouré de ma vie. J’ai reçu des cadeaux par centaines. J’ai vécu des anniversaires simples et heureux. Mais vous commencez à le savoir : on veut toujours ce qu’on n’a pas. Et j’ai secrètement toujours jalousé mes camarades de classe qui, eux, pouvaient fêter leurs anniversaires avec les copains d’école.
Si être né en plein été peut donc parfois être compliqué, être né le lendemain de la Fête Nationale, lendemain du 14 juillet, lendemain de la célébration de la prise de la Bastille et par extension, de la Révolution française, c’est une arme à double tranchant. Tous les 14 juillet, en France, on tire des feux d’artifices, on organise des bals populaires et le bal des pompiers. C’est un jour de fête, un jour férié, chômé, non-travaillé. Pendant des années, j’ai assisté au feu d’artifice des Sables-d’Olonne, en Vendée, où mes parents possédaient une maison de vacances. Pendant des années, j’ai cru - où on m’a fait croire - que ce feu d’artifice était pour moi, pour mon anniversaire. Je ne sais pas si cette anecdote est vraie ou si je l’ai inventée, je ne sais pas si elle vient d’une blague et que j’ai décidé de la conserver, mais je la trouve drôle.
J’aime croire que j’ai grandi en pensant naïvement que tous les ans, des milliers de personnes se réunissaient pour regarder un feu d’artifice tiré en mon honneur. Des gens que je ne connaissais évidemment pas.
Je ne suis pas de ceux qui organisent des fêtes d’anniversaire où le célèbrent pendant un mois entier. Je fais partie des rationnels et je suis conscient que tous les jours, plus de 22 millions de personnes fêtent leur anniversaire. Je ne suis qu’une personne sur ces 22 millions, rien d’exceptionnel en soit. Ce n’est qu’une date parmi tant d’autres. Un jour presque comme les autres. D’ailleurs, la plupart des 15 juillet de ma vie d’adulte, j’ai travaillé, normalement, comme n’importe quel autre jour de l’année.
Je n’ai pas particulièrement peur de vieillir. D’ailleurs, je ne regrette en rien mes jeunes années, au contraire, je suis très heureux d’avoir 32 ans aujourd’hui. Mais je n’aime pas être le centre d’attention. Je déteste attirer les regards sur moi et encore moins pour le simple fait d’être né. J’aime recevoir, passer un bon moment, dîner délicieusement… mais je préfère le faire n’importe quel autre jour de l’année !
Bref, hier c’était mon anniversaire.
Thibaut
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Mes félicitations, Thibaut ! L'été au Mexique est la saison des pluies, une période formidable et pleine de verdure et d'eau. Tu es encore très jeune et il est possible que tu changes d'avis un jour sur la façon de célébrer ton anniversaire. Heureusement, tu ne t'appelles pas Donald, hahahaha ! Une raison de plus pour fêter !
Félicitations pour ton anniversaire. Je suis né un 13 juillet, donc aucun de nous n'est du 14, jour de la Bastille...mais tu peux toujours célébrer avec des feux d'artifice (continue de penser qu'ils sont pour toi!).
Et je félicite tes parents de ne pas t'appeler Donald, tu n'as définitivement pas une tête de canard ou de politicien.
Fêter l'anniversaire en été a ses bonnes choses. Ne pas aller à l’école, pour commencer (même aujourd’hui, en tant qu’enseignante en maternelle, j’adore ça).
De plus, je partage avec toi le plaisir de célébrer tranquillement sans être au centre de l'attention. Cela me stresse un peu.
Encore une fois, félicitations!